Les mouches à miel

Le 6 janvier 1937, chateau du Boissard


Les mouches, terme venu du fond des ages pour évoquer les abeilles.
Revenu complémentaire, source de nourriture mais surtout atout dans la pollinisation du verger le rucher est un plus incontestable des jardins, encore faut il le protéger des intrus!




La mouche à miel  et la poule
« Mouche à miel, » dit la Poule oiseuse,
 Je te le dis mais c’est en vain !
En tout temps tu fus paresseuse,
Et du travail tu ne sais rien.
Le plaisir est ta seule excuse,
Sucer les fleurs : ah ! c'est charmant ;
Tirer le suc, cela t'amuse,
Tu fais bien,  j'en ferais autant.
Pour qui se donner tant de peine,
Tu n'as besoin de ce tracas ;
Nous fournissons pour la semaine,
Des œufs d'une grosseur, hélas ! »
« Arrête-là ton persiflage, «
Dit la Mouche à miel ; « mon devoir
N'a besoin de ce caquetage,
Que nous débite ton savoir.
Tu me crois sans intelligence:
Dans la ruche est mon argument;
Et l'on peut dire en conscience,
Qui de nous est le fainéant.
Quand sur les fleurs le vol nous guide,
Nous ne distillons pas de fiel ;
Et plus d'une langue perfide,
Se rafraîchit de notre miel.
Si nous travaillons en silence,
En ramassant des fleurs le jus,
Sans nous enrouer en cadence,
Dans notre nid d'un bruit confus.
Reçois l'avis que je te donne,
Nous haïssons tout faux semblant ;
Qui veut nous connaître en personne,
Voit nos travaux d’un œil prudent.
Munis d’un dard dont la nature,
Nous indiqua de corriger,
Les ignorants de ton allure ;
Il est donc temps de t'en aller. «

Oh1 railleurs remplis d'amour-propre,
Qui honnissez la poésie
Ce tableau est-il donc impropre,
Pour répondre à votre ironie ?
De la Poule acceptez la place ;
La fable alors se justifie;
Et dans le portrait qu'elle en trace,
Fait ressortir votre ineptie.
La poésie à quoi sert-elle ? -
- Elle instruit, mais ne s'apprend pas,
Et dit aux faquins sans cervelle,
La vérité dans plus d'un cas. –
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Christian Furchtegott Gellert 1715/1769


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