Laitue à forcer de Milly

Le 30 novembre 1937, Chateau du Boissard



Le temps est froid -4° ce matin, et pourtant on plante des laitues.
Là on touche le grand art du jardinage: Culture forcée sur couche.  technique appréciée par la Quintinie (voir article Jean Baptiste de la Quintinie ).

Le principe est de profiter de la chaleur dégagée par une couche de fumier en décomposition pour chauffer un coffre de culture.
Le meilleur  fumier était celui de cheval mélangé à un compost de feuilles qui augmentait la durée de chauffe. Celui de vache ne convient pas. car trop humide.
On en dresse une couche carrée de 40 cm de hauteur recouverte de 15 cm de terreau. le tout est entouré d'un coffre en bois puis recouvert d'un chassis en verre.
Dès le montage de la couche la température va augmenter rapidement pour atteindre 70°c. C'est "le coup de feu "qui dure deux ou trois jours avant de redescendre à 25/30°c. Ce dégagement de chaleur durera ensuite un bon mois. Le coffre sera ensemencé ou planté quand la température atteindra 30°c.
Les nuits froides un paillasson en paille de seigle sera déroulé sur la vitre pour garder cette chaleur. Si le coffre venait à trop se refroidir on monterait alors des "réchauds" constitués de fumier entourant les parois du coffre.



Toutes les laitues ne réussissent pas en culture de forçage. Celle de Milly est régulièrement employée comme les laitues Gotte ou Crèpe à graine blanche et noire. On les sème en septembre, on les repique une fois sous cloche puis une deuxième fois sur couche.
Cette technique disparue avec l'arrivée de l'électricité , la disparition du fumier de cheval , des jardiniers de propriété par la hausse des couts de la main d'oeuvre, les variétés de laitue employées ont aussi disparus. difficile à présent de trouver la laitue de Milly dans les catalogues de grainetiers.

Je suis très fier des compétences du Grand père Marie.

Catalogue Clause 1937

Foire de la St André

Le 27 novembre 1937, Chateau du Boissard





Impossible de vendre des dindes cette année à la st André, les exposants sont "gourmands" et les acheteurs sont des Beaucerons. Il est interressant de noté que en 1936 la grand mère était venue de Brezolles à Chartres pour vendre de la volaille. Cette foire ancestrale de Chartres a été créée au moyen age. Elle a longtemps été une très importante foire aux bestiaux avant d'évoluer vers une foire où l'on sent la barba papa mélée au boudin, où l'on achète des chaussettes et des saucissons. En 2010 il y avait 25000 badeaux!


La place Marceau était jadis réservée aux vente de volaille. On peut imaginer le monde, le bruit et le mouvement si les vendeuses arrivaient des 4 coins de l'Eure et loir. Le voyage devait aussi être éprouvant aller retour dans la journée plus la foire.
Drole d'aventure 


La cocotte fièvre

Le 25 novembre 1937, Le château du Boissard






L'oncle a peur de ramener la cocotte fièvre, en fait  il parle de la fièvre aphteuse. La fièvre aphteuse donnait aux animaux une démarche sur le bout des sabots due à la douleur ressemblant à la démarche des "cocottes" arpentant le trottoir sur leur hauts talons.
En 1937 toute la France est touchée par cette épizootie. Cette maladie virale est très contagieuse pour les bovins, ovins, porcs, mais aussi gibier (sanglier , ruminant) chacun  a donc peur de "ramener" un foyer infectieux vers son troupeau. Il n'existe pas de traitement et si le troupeau était atteint, déclaration obligatoire sous peine de lourdes sanctions, périmètre de sécurité autour de l'élevage et pas de pitié abattage total  et ruine de l'éleveur.
On a procédé plus tard dans les années 60 à la vaccination obligatoire des troupeaux pendant 30 ans.
Puis devant la rareté de la maladie cette obligation fur levée. La dernière épizootie venant d'Angleterre date de 2001 en Europe de l'ouest et toucha surtout le porc.




Une vrai cocotte de 1938

Il ya des jours comme ça

le 24 novembre 1926, chateau de Chennebrun


Il ya des jours comme ça où on se sent bien. Il ya 104 f de dépassement budgétaire mais ce n'est pas grave de toute façon le mois sera encore trop court pour s'enrichir.
Donc rien à signaler sauf un petit plaisir en famille. Le bonnet confectionné par la  mère pour sa fille.


Alors aujourd'hui on se love dans le fauteuil, on relit "la première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules" de Delerme et puis voilà!

Fabrication d'un silo

Le 22 novembre 1926, chateau de Chennebrun


La saison est à la conservation des légumes d'automne pour pouvoir passer l'hiver sans récolte. Après les choux voici les carottes. La conservation des légumes racines se fait de différentes manières. Soit en place dans le potager mais protéger du froid par de la paille et de la terre. Le soucis de cette conservation est la possibilité d'une attaque de mulots ou campagnols qui profitent de vos réserves. Soit en cave dans du sable sec, soit à l'extérieur en silo. Pour conserver les carottes dans un silo, celles ci doivent être décolletées c'est dire privées de leurs feuilles et racine terminale. En effet ces dernières feraient pourrir le silo en se décomposant. C'est la même opération pour les betteraves.


Le silo est fabriqué à l'extérieur à fleur de sol. On constitue un tas régulier de légumes décolletés rond et allongé que l'on recouvre de paille puis de terre tirée de la bordure du silo qui fera ensuite un caniveau. Une cheminée d'aération en paille est confectionnée en même temps que le montage.
Les légumes peuvent ainsi attendre longtemps avant leur consommation.




De nos jours certains enfouissent dans leur jardin des tambours de machines à laver en laissant affleurer la porte au niveau du sol le tout recouvert d'un isolant contre le froid et la pluie. Ils s'en servent de silo enterré avec protection contre les rongeurs grignoteurs profiteurs.


campagnol


Tu finis tes légumes !

Le 20 novembre 1937, Le Boissard


Pour la grand mère, d'abord la messe puis la gare de tramway à l'entrée du bourg le tantot (l'après midi) pour commander le charbon .
Un bonne balade à pied.


Pour le grand père préparation des futs pour le cidre de la tante et mise en jauge des choux. La conservation des choux à pommes pour l'hiver nécessite leur mise en jauge. C'est à dire qu'il faut les arracher avec leur pied et les mettre horizontalement dans une tranchée le tout recouvert de paille. Ils se conservent ainsi tout l'hiver . Journée physique pour tout le monde.





Le plus spectaculaire pour moi dans ces carnets de jardin c'est le volume de la production. 150 pieds de choux pour l'hiver! Il est certain que l'on avait 5 fruits et legumes par jour avec ces réserves.

Petit escargot porte sur son dos...sa maisonnette

Le 17 novembre 1937, Chateau du Boissard





La limace et son copain l'escargot ont toujours été en concurence avec le jardinier. L'un sème des graines qui donnent des jeunes pousses de fleurs ou de légumes trés appréciées en repas par les autres. En 1937, les progrés de la chimie donnait l'avantage aux bipèdes. Avec un fut de 100 kilos  on devait passer la saison de combat.



Depuis, on a pu constater les dégats sur l'ensemble de la faune du jardin sans héradiquer totalement les limaces. On teste le piège à bière, la barrière de cendre, les produits bio, le ramassage etc.. Je vous conseille ce livre pour les passionnés.

Chaud lapin

Le 16 novembre 1927, château de Chennebrun




Il va falloir que cela "gaze", sinon...

Les Massifs de fleurs

Le 14 novembre  1927, Chateau de Chennebrun





Le jardin à la Française a évolué . Le parterre autrefois la partie la plus ornée des jardins était composé de compartiments, de plates bandes et de corbeilles régulièrement dessinées le tout encadré de buis soigneusement taillé. En 1927 la mode est aux plates bandes sinueuses qui suivent les allées. Elles mesures généralement 1,50 m de large pour pouvoir y travailler sans y mettre un pied. le centre est en dos d'ane et les plantes y sont plantées dans un ordre régulier. Elles ont refaites deux fois l'année , première floraison avec les tulipes et deuxièmes avec les sauges, géranium etc..



Giverny tulipes et myosotis
 Dans les années 40, les jardiniers Anglais importeront  les mixed border planté de vivaces tentant d'imiter la nature dans son positionnement.(voir pénéloppe Hobhouse et le jardin de tintinhull)



Langue de belle mère

 
Le 11 novembre 1937, Brezolles


langue de belle mère

langue de belle mère





Visite à Brezolles chez les beaux parents rue porte de Tillières


La grand mère Vagner belle mère de Jean baptiste était une maitresse femme et les deux hommes rentrés du bistrot un peu tard, après l'apéritif, on du laisser passer l'orage pendant le repas,


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mais le 11 novembre c'est aussi l'hommage aux jeunes gens tués pendant la première mondiale.

hommage personnel aux membres de la famille


Théodule TRABOUILLET

Mort pour la France le 9 octobre 1914 à Courcelle le Comte dans le 62 à l'age de 38 ans.
 tombé à l'ennemi jugement du 18 juin 1920. voir le site :mémoires des hommes
Il appartenait au 120° régiment d'infanterie


Léon , Georges BAILLE


Mort pour la france le 7 avril 1916 à haucourt dans la Meuse à l'age de 21 ans.
 jugement du 05 aout 1920.
 Sergent au 153° régiment d'Infanterie. il disparait suite aux bombardements des positions avec un nombre incroyables d'autres soldats...voir le site Mémoires des hommes.

Un souvenir familial site que sa mère et sa soeur feront les champs de batailles du secteur en 1919 avec espoir de retrouver des indices . Rien ne sera trouver : voir le film  "la vie et rien d'autre" sur ce sujet.

Armand, Auguste, Raphael  VAGNER

Mort pour la France le 16 avril 1917 au mont Sapigneul ( Aisne) à l'age de 29 ans.
jugement du 5 novembre 1920.tombé à l'ennemi,
Il était caporal au 150° régiment d'Infanterie.

Céleri à Blanchir

Le 8 novembre 1926, Chateau de Chennebrun



Blanchir le céleri. Ici on parle du céleri à côtes dont on mange les feuilles. Le céleri rave n'était pas très répandu dans les potagers français à cette époque. C'est l'occupation et sa famine qui vont développer la production familiale.


Le céleri à côtes est une plante annuelle semée en avril mai. Le blanchiment permet d'attendrir les feuilles avant sa consommation 1 mois plus tard. Pour les premiers en septembre on lie les feuilles par des brins de paille sur place et on butte progressivement les plantes sur un mois.
Plus tard en fin de saison, pour blanchir  les derniers plans comme c'est le cas décrit, on les transplante dans une tranchée de 60 cm de profondeur. En cas de gel ou d'humidité, on peut ainsi les protéger pendant le blanchiment d'un chassis vitré sur le coffre.


Amélie , la cuisinière

Le 6 novembre 1926, château de Chennebrun.




15 jours sans cuisinière!



Dans la caste du personnel d'une maison bourgeoise de la fin du 19° siècle début 20° le poste de cuisinière est parmi les plus importants. De nos jours dans nos entreprises, elle aurait le statut de cadre responsable de service.
On ne peut pas se priver d'un responsable de service pendant 15 jours sans dégâts.
A son retour un responsable redoublera d'énergie pour combler les retards dus à son abscence. "L'Amélie" faisait déjà  de même, on sent son envie de bien faire. Elle a convoqué dès son retour son fournisseur de légumes qu'est le jardinier, poste plus modeste mais indispensable à la fourniture des matières premières de la cuisine bourgeoise.

Cuisine bourgeoise mais pas cuisine de bourgeois.

On ne parle pas de toasts, de caviar, de foie gras et de champagne à profusion mais plutôt de langue de boeuf,  de perdreaux aux choux ou d'un brochet au beurre blanc. En bref une cuisine française riche et familiale. C'est un héritage de traditions pour lesquelles j'éprouve de la tendresse.

C'est la madeleine de Proust.

Bravo et merci à toutes les Amélie.

cuisine Monet Giverny






A la vache!

Le 4 novembre 1926, chateau de Chennebrun,



Un coup de pouce du patron face à la crise budgétaire, 10 ff par jour pour le mois.